Sobriété énergétique : comment le conflit en Ukraine est la meilleure opportunité d’accélérer la transition écologique

En 2020, la crise du COVID nous avons démontré à quelle point nous manquons d’autonomie industrielle et pharmaceutique. En 2022, le conflit en Ukraine nous apprend qu’il en est de même pour les énergies fossiles. La situation est beaucoup moins critique que certains de nos voisins, Allemagne en tête. Toutefois, une expression marquante revient en ce moment : sobriété énergétique. Saisissons cette opportunité.

Sobriété : économiser l’énergie plutôt que recourir à des nouvelles sources

Pour la première fois de notre histoire récente, nous risquons de manquer d’énergie. Il faut remonter à 1978 pour retrouver une situation avérée de panne énergétique. Pendant longtemps, nous avons cherché des sources d’énergie moins chères pour nous chauffer, nous déplacer, etc. On remplaçait nos voitures essence par des diesels, puis on a fait l’inverse. Maintenant on migre vers l’électrique. Mais cela partait du principe que nous produisons suffisamment d’électricité, notamment via notre parc nucléaire. Le problème, c’est que ce parc, vieillissant, accumule les arrêts de maintenances.

Cette fois, nous apprenons à nos dépens que toute capacité de production énergétique n’est pas illimitée.

La gestion de l’énergie n’a jamais été guidée par le développement durable

Nous sous-estimons l’impact carbone de nos logements

D’un point de vue climatique, cet hiver fût rude. Des températures basses, un froid tardif, même l’été n’a pas rattrapé le déficit de soleil. Qui dit hiver froid dit grosse demande d’énergie pour chauffer. Et avec les prochaines baisses de température vient l’annonce des hausses du prix de l’énergie :

Pour beaucoup de foyers, ces hausses sont difficiles à supporter financièrement. Les dirigeants européens étudient différentes pistes pour réduire l’impact financier :

  • Baisse de la TVA.
  • Chèque énergie.
  • etc.

Le chèque énergie me semble aberrant : de l’argent public (donc vos impôts) pour financer votre chauffage… Certains seront évidemment heureux de le toucher, c’est toujours mieux que de choisir s’il faut chauffer son logement ou manger.

Pourtant, indépendamment du problème financier, j’ai une question de fond : plutôt que de réduire sa facture énergétique, comment réduire sa consommation ?

Réduire sa consommation pas toujours facile, mais possible

Depuis plusieurs années, ce sujet m’intéresse au sens large. Pour ma part, cette prise de conscience a commencé quand un ami a suivi une formation sur l’éco-construction. Il a alors mis en place différentes solution pour rendre sa maison « passive », c’est-à-dire que sa consommation énergétique, pour chauffer l’hiver ou pour se rafraîchir l’été, est la plus basse possible. Ensuite, je me suis posé beaucoup de question après avoir déménagé.

Quand j’ai quitté mon studio pour un appartement plus grand, le DPE était un critère déterminent. A défaut d’être une valeur fiable, c’est censé être une bonne indication. Pourtant, facture après facture, j’ai fini par constater que mon nouveau logement demandait 50% d’énergie supplémentaire par mètre carré pour chauffer à une température équivalente. Comme est-ce possible ?

L’emplacement géographique : j’habite dans une commune beaucoup plus exposée aux vents, et moins dense en immeuble. Forcément ça joue. Mais comme tout produit fabriqué, il faut passer par les trois phases de production : conception, composants, assemblage.

Mon ancien logement et le nouveau ont été construit la même année, avec des méthodes à peu près identiques. L’isolation est faite au polystyrène gélifié, mais mon nouvel appartement a une couche moins épaisse d’isolant. C’est une liberté que prennent certains constructeurs, au titre que, techniquement, l’isolant est meilleur, ils en mettent moins (et vous paierez la facture). Surtout, le vrai problème vient de l’assemblage des matériaux :

  • Couche d’isolant qui ne fait pas toute la surface des murs extérieurs (il manque environ 5 à 10 cm autour de chaque arrête.
  • Isolant retiré au moment du câblage électrique (et pas remis en place après intervention).
  • Fenêtres mal posées (le joint fait contact, mais pas pression.

Et c’est un diagnostique thermique par caméra qui donna cette explication. Au final, à défaut d’être une « passoire thermique », ne conserve pas la chaleur générée par mes radiateurs (que j’ai remplacés dès mon arrivée, car ils étaient sous-dimensionnés…).

Une perte énergétique récupérée par la nature

Où va cette chaleur ? Dehors, Donc en hiver, quand on chauffe nos logements pas si bien (voire mal) isolés, on réchauffe l’air extérieur. Et dans les pays chauds ? Et bien c’est pire. Techniquement, une climatisation, c’est comme un réfrigérateur : on transfère les calories intérieurs vers l’extérieur. Ainsi, pour refroidir un logement, on réchauffe l’air extérieur, alors même qu’on a allumé la climatisation parce qu’il faisait trop chaud… Alors qu’on accuse souvent d’être une source de pollution énorme (à plus ou moins juste titre), le logement rejete 30% de CO2 de plus. Il ne sert à rien de produire une énergie perdue. Il vaut mieux faire en sorte de ne pas en avoir besoin.

Viser à long terme

Pour résumer, voici tous les avantages à travailler sur l’isolation des logements à grande échelle :

  • Une économie financière.
  • Limiter l’impact environnemental.
  • Faciliter la sortie du nucléaire. Le gouvernement veut interdire le chauffage au gaz, pour ne laisser la place qu’au chauffage électrique. Si on veut réduire notre dépendance à l’atome, une réduction de la consommation entraîne mécaniquement une augmentation du pourcentage de production par énergies renouvelables.
  • Créer des emplois. Isoler tous les logements prendrait des années. C’est le moment de former pour créer des emplois dans un secteur qui recrute à long terme.

L’autonomie avant l’économie

Encore un article commencé il y a un an, et tout juste publié.

On peut devenir autonome à tous les niveaux, même sur la production d’énergie. Avec la crise du COVID-19, la notion de résilience apparait de plus en plus évidente. Pourtant, certaines habitudes économiques ont la vie dure.

Le prix du risque

Des entreprises françaises se sont mises à fabriquer des masques. Pour rien ? En effet, les prix français ne sont pas les mêmes qu’en Chine. Résultat, même les institutions publiques passeraient leurs commandes hors de nos frontières. C’est aussi le cas pour le rapatriement de la production de médicaments. Les industriels considèrent que le coût de production explosera sur notre sol.

La transition énergétique : une fracture économique et industrielle

La transition energétique doit passer par une adoption progressive, mais massive. Aujourd’hui, on fait l’inverse, en montrant une vision élitiste et « hype » de l’écologie.

L’exemple automobile

Comme je l’écrivais dans un article précédent, une partie des automobilistes s’est tourné vers le diesel pour les avantages fiscaux pratiquéss à l’époque plus que pour leurs vrais besoins. Maintenant que la doctrine a changé. Ces utilisateurs « endettés » par leur véhicule actuel ne peuvent même pas espérer le revendre, notamment s’il ne rentre pas dans la bonne catégorie « Crit’Air ». Alors que faire ?

C’est la qu’on assiste à une fracture : plutôt que de permettre aux différentes classes sociales de s’adapter progressivement pour contribuer à la transition, on a « élitisé » ce processus. Pour faire simple, on a les moyens de participer, ou on reste un « pauvre pollueur ».La dernière prime à la casse fait exception, en permettant de profiter d’aides même si le véhicule n’est pas neuf. En effet, remplacer un véhicule de 8 ans par un neuf réduira modérement l’empreinte carbone. Mais remplacer un véhicule vieux de 20 ans par un véhicule vieux de 10 ans la réduira plus, et coûtera moins cher à son propriétaire.

On pourrait autoriser des solutions comme l’adaptation hybride, permettant au plus grand nombre de contribuer à la TRANSITION. Puis la deuxième étape pourrait un arrêt du moteur thermique. Accessoirement, aujourd’hui, on ne mesure pas l’impact de cette bascule électrique.

Autre exemple : l’isolation des batiments et la maison passive

Autre source d’empreinte carbone, le chauffage des logements. Ici le problème est différent. J’approuve l’idée de la loi Duflot qui consistait à punir les propriétaires peu scrupuleux qui louaient des logements mal isolés (et donc le coût de chauffage peux exploser). Mais taxer les propriétaires habitants est une autre affaire. Il faut prendre en compte plusieurs facteurs :

  • La situation financière des propriétaires habitants. Tous les propriétaires ne sont pas riches
  • La disponibilité d’équipements de chauffage polluant et vendus en toute légitimité. Je pense aux radiateurs « grille-pains » et aux chaudières au fioul (donc « Diesel »)…
  • Parfois c’est compliqué d’isoler un batiment, quand les Architectes des Batiments de France s’en mèlent sur des zones classées, par exemple.

Des aides existent pour aider à l’isolation ou au remplacement des solutions de chauffage, mais elles disparaissent on sout réduites d’années en année. Pourtant, cet investissement à grande échelle est intéressant. A l’échelle du citoyen, il permet de réduire sa facture d’énergie. Il peut investir ce gain financier ailleurs. A l’échelle du pays, il permet de générer des emplois et de fortement réduire l’empreinte carbone, en limitant l’énergie perdue.

L’agriculture biologique, le sans gluten, « bien manger » n’est pas pour toutes les bourses

Au début de ce millénaire, des personnes, comme José Bové, ont lutté contre la « malbouffe », alors représentée par les « fast-food ». Il s’agissait alors de lutter contre l’expansion de la culture de plants OGM, et de l’agriculture industrialisée en général. Aujourd’hui, la consommation de produits bio augmente. Mais elle progresse plus vite dans les régions riches. Manger bio coûte cher. Pourtant, est-ce que ça coûte vraiment plus cher à produire ? Oui et non. En terme de coût pur, ce n’est pas plus cher. Par contre, une culture industrielle est plus « simple » à gérer.

En Haïti, l’un des pays les plus pauvres du monde, 95% de la population consomme des produits bio. Comment est-ce possible ? C’est tout simplement parce que la population n’a pas les moyens d’acheter des produits phytosanitaires.

Si on parle d’agriculture non comestibles, des pays, comme le Sri Lanka ou le Burkina Faso, ont fait le choix d’arrêter les cultures de coton OGM. Ces cultures étaient censées être plus résistantes contre les maladies (donc « simplifier la production). Sauf qu’on ne pouvait pas réutiliser les graines stériles, et que les sousches ont fini par dégénérer, donc produire moins.

C’est aussi une question d’assurance (là encore, la « simplicité). En effet, dans le droit français, nous sommes responsables des conséquences de nos actes (ou de ceux que nous n’avons pas fait). C’est la notion de « dommage par négligence ou par action ». Et dans le domaine de la vigne, il arrive qu’une culture biologique malade soit considérée comme la source de maladie du voisin qui a traité. Les affaires finissent alors au tribunal.

Conclusion

Dans la notion de « transition », on imagine une « pente douce », pas une falaise infranchissable. De mon point de vue, certains politiques, parfois à l’origine de nos erreurs de consommateurs, aiment nous montrer du doigt. « L’élite fait bouger les lignes, les autre devraient suivre ». Je préfère illustrer ce qu’est une transition par cette citation :

Un jour, un incendie se déclare dans la forêt. Tous les animaux fuient le danger et se mettent à l’abri. Certains vont se terrer, d’autres se perchent sur les toits et les arbres au-delà de la rivière et assistent sans réagir à la destruction de leur habitat et de leurs nids. Spectateurs passifs, ils jacassent et se lamentent.

Un colibri entreprend d’aller à la rivière, prend une goutte d’eau dans son bec et va la jeter sur le brasier. Puis il recommence ses allers et venues sans se lasser.

Au bout d’un moment, les « spectateurs » remarquent son manège et l’interpellent :
« Pauvre inconscient, toi si petit, crois-tu pouvoir éteindre l’incendie avec tes gouttes d’eau ? Tu vas seulement réussir à te brûler les ailes. Tu ferais mieux de te mettre à l’abri avec nous, le feu finira bien par s’éteindre. »
 
Et le colibri répond : « Moi, je fais ma part pour sauver mon nid, et vous, que faites-vous ? Si vous tous unissiez vos forces, l’incendie pourrait être maîtrisé. »

Pierre Rabhi

Tout n’est pas si sombre. mais on a du travail

Comme je l’avais déjà écrit, si j’ai créé ce blog, c’est à force de constat sur les disparités de notre territoire. Mais je tiens aussi à rappeler les différentes actions menées et dont on ne parle pas forcément :