Liberté, inégalités, fraternité

Je n’invente pas cette citation, je la tire de l’observatoire des inégalités.

Ça fait longtemps que je voulais publier cet article, mais ça m’a pris du temps de l’écrire de manière objective.

Cet article reflétant ma vie personnelle, j’ai décidé de ne pas citer de source, notamment pour éviter d’indiquer clairement la ville où je réside. Je préciserai seulement que la plupart des informations publiques sur le sujet proviennent du site officiel de la ville et du journal Le Parisien.

Il y a un an, quand j’ai déménagé, je suis allé inscrire mon enfant à l’école. Mais quand j’ai demandé « A quelle heure le gardien ouvre les portes de l’école », la réponse fût assommante :

Ne comptez pas avoir ce genre de service dans un quartier pauvre.

Quelque mois plus tard, avec la crise du « COVID-19 », nous avons rencontré le même problème. Sur demande du gouvernement, les communes ont mis en place un service minimum pour accueillir les enfants de personnels soignants. Mais dans le service de ma conjointe (150 personnes), seules deux personnes n’ont pas eu accès à ce service les premières semaines. Les deux personnes habitent dans la même ville : la nôtre.

Cette réponse est inacceptable pour deux raisons :

  • Parce qu’à 5000 € le m2, soit le double de la moyenne française (2600 €), qualifier la zone de « quartier pauvre » fait figure d’insulte.
  • Surtout, justifier un manque de service par le niveau de vie de la population est contradictoire avec la devise de la France : « Liberté, égalité, fraternité« .

Dans mon article sur la définition de l’égalité des territoires, je prenais en exemple l’éducation. Je le reprends ici.

Une mixité sociale très clivée

La ville où nous habitons est divisée en 23 quartiers, chacun comptant une école. Il y a globalement trois grandes zones géographiques :

  • Le quartier historique, essentiellement pavillonnaire, avec une population relativement âgée installée depuis longtemps.
  • Un quartier excentré de la ville, une ancienne cité ouvrière réhabilitée qui comprend :
    • Des logements HLM.
    • Des logements pour les fonctionnaires des Hauts-de-Seine. D’autres pour la SNCF et la RATP.
    • Des logements privatifs (où nous habitons.
  • Un quartier neuf en construction. J’y reviens plus tard.

Dans le quartier excentré

Dans notre quartier, il y a deux écoles. La première a été construite en 2004, en même temps qu’un projet de réhabilitation des habitations. Pas grand chose à dire, c’est une école comme la France en compte par centaines.

En revanche, à même pas 500 mètres, une autre école, un peu plus au cœur de la cité HLM, ressemble plus à un site industriel désaffecté qu’à une école. Pourtant elle est bien en activité :

École qui malheureusement manque énormément de moyen financiers ont peux clairement voir la différence entre le haut de Clamart et le bas de Clamart que fait l état pour mieux répartir les finances. Bon courage a cette directrice et enseignant de cette école. Messieurs les politiques merci de prendre conscience de la situation cela devient urgent de réagir pour le bien être de tous.

La mairie faisant la sourde oreille, les parents d’élèves ont fini par porter la situation auprès de l’académie. La directrice de l’école a magnifiquement servi de fusible. Depuis rien n’a changé.

Dans le quartier historique

Le quartier n’est pas beaucoup plus cossu que le nôtre, mais, avec une part de retraités beaucoup plus importante. Il n’empêche que des familles avec enfants y résident. Vu de la mairie, les écoles ne semblent pas être une priorité :

Fenêtres moisies, toilettes vétustes et sans chauffage… Plusieurs parents d’élèves demandent une rénovation de l’école élémentaire, en vain.

En fait, cette école n’a subi aucune rénovation depuis sa construction, en 1945.

Dans les nouveaux quartiers

Là on change de niveau, la volonté du maire est de faire « des quartiers haut de gamme » pour attirer des familles « de catégorie sociale supérieure ». En gros, de faire rentrer des impôts. Pour cela, il a sorti l’artillerie lourde : il a tout simplement faire raser une zone industrielle de plus de 10 Km2. Environ 3000 logements seront construits d’ici 2023, ce qui augmentera le nombre d’habitants d’environ 15%. Prix moyen des logements : environ 7500 € le m2. Sauf retard, les premiers logements ne seront pas livrés avant janvier 2021. Les deux nouvelles écoles sont déjà prêtes à accueillir des élèves. La mairie annexe est déjà en activité depuis janvier 2020, au milieu des chantiers de construction. Ce quartier est à environ 30 mètres du nôtre. La séparation est une avenue 2 x 2 voies. Presque un rideau de fer.

Tout ça pour quoi ?

Et bien c’est relativement simple : en France, l’éducation est « gratuite et obligatoire » depuis 1881. Pourtant aujourd’hui, qui paie ?

  • L’école est à la charge des communes.
  • Le collège est à la charge du département.
  • Le lycée est à la charge de la région.

Mais à la fin, c’est le rectorat qui décide où les écoles, collèges et lycées doivent être installés. Bien sûr, chaque entité reçoit des dotations pour gérer ses infrastructures d’éducation. Mais comment s’assurer que ces dotations sont vraiment utilisées dans ce but. Ceci vaut pour tout le régalien. On pourrait évoquer :

  • Notre système de santé.
  • La sécurité.

J’en oublie sans doute, vous pouvez imaginer la liste.

Avec la baisse des dotations de l’état, mais l’ajout permanent de nouvelles charges (infrastructures routières par exemple), chacun pourrait vouloir combler sa dette à sa manière, au détriment d’une partie de la population. En l’occurrence, celle qui représente le futur de notre pays.

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