Nous, français, avons la réputation de faire compliqué quand on peut faire simple. Nos documents d’identité en sont la preuve.
Chacun garde sa chapelle
Combien avons-nous de document attestant de notre identité ? Bonne question. Nous avons :
- Carte d’identité nationale.
- Passeport.
- Titre de séjour.
- Carte Vitale.
- Livret de famille.
- Carte d’électeur.
- Etc.
Je ne liste pas tout. Premièrement, la liste serait trop longue. Ensuite, parce que certains documents ne sont pas des pièces d’identité « attestée », comme le permis de conduire. En effet, on ne remplace pas son permis quand on déménage (sauf changement de département). A noter que la carte d’électeur, qu’on ne remplace pas non plus systématiquement, est une pièce valable. Il y avait aussi des tolérances locales, comme le pass Navigo en Ile-de-France (retirée en 2015 après les attentats du 13 novembre).
L’édition de chacun de ses documents dépend d’un service administratif (mairie, sécurité sociale, etc). Mais quel est le niveau entre ces services publics. Chacun partage des données de manière publique (je précise plus loin). Il n’y a pas d’utilité particulière à générer un document par service utilisé. Mais auprès de chaque service, nous avons un numéro de référence différent. Mon numéro fiscal est totalement différent de mon numéro de permis de conduire, eux-mêmes différents de mon numéro de carte d’dentité.
Le cas estonien
L’exemple de l’Estonie est souvent cité quand on parle d’identité unifiée. Et pour cause : leur carte d’identité, qui se rapproche techniquement de notre carte vitale, permet de sécuriser l’accès au portail électronique des citoyens depuis… 2004.
Oui c’est possible, en plus c’est simple. Pour accéder au portail citoyen du pays, il faut :
- Un numéro unique d’identité, que le gouvernement vous fournit.
- Un mot de passe.
- Et une carte d’identité. A l’époque, depuis un PC, on utilisait un lecteur de carte à puce USB, vendu entre 10 et 20 euros. Avec l’arrivée du smartphone, c’est le lecteur NFC qui prend sa place.
L’Estonie compte 1,2 million d’habitants, elle est donc moins peuplée que Lyon et sa banlieue. Mais si nous comparons les outils mis en place :
- Notre carte Vitale est apparue en 1998, la deuxième génération en 2007, donc sur la même période.
- En 2007, plus de la moitié des français avait un accès Internet. Dans un plus petit pays, il est plus facile de déployer rapidement des connexion Internet qu’en France. Mais les moyens et la gouvernance sont différents : le Wi-Fi citoyen du pays a été déployé dès 2004. Pas de connexion internet à la maison, il suffit d’aller à la boulangerie.
- La sécurité et la transparence ont été au cœur du démarrage du projet. L’ANSSI est née en 2009. Il existait d’autres organismes, mais ils ne traitaient que la sécurité des services de l’état, pas des « entreprises stratégiques », comme EDF.
Poussons l’unification
Aujourd’hui, la plupart des documents officiels sont édités par un service unique, l’ANTS. De plus, avec de plus en plus de services public numérisés, l’unification des accès est de plus en plus courante. La première étape, France Connect, permettait une authentification « croisée », c’est à dire se connecter à un service (par exemple la sécurité sociale), pour accéder à un autre (les impôts). La deuxième étape, ALICEM (supervisée par l’ANTS), imagine justement une migration vers un numéro unique de chaque citoyen.
Dès sa naissance, un citoyen reçoit déjà son numéro de sécurité sociale, unique, qui le suivra toute sa vie. Alors pourquoi faire compliqué ? Pourquoi ne pas unifier nos document d’identié en un seul, et fortement protéger ces données d’identification ? D’autres pays de l’union européenne ont commencé cette migration. Depuis 2006, les portugais n’ont plus qu’un document d’identité national.