Taxes sur le gasoil : une chasse aux sorcières après trente ans d’erreurs

Les gens sont abasourdis par l’augmentation des taxes sur le gasoil, mais ça fait près de quinze ans que les différents gouvernements tentent de le faire. Le reportage « Diesel un scandale français » explique très bien ce problème . Et encore, ce reportage ayant été diffusé en novembre 2012, on ne parlait pas encore du « Diesel Gate ».

Les moteurs Diesel présentent des avantages techniques :

  • Plus de couple à bas régime (donc plus adapté pour porter ou tracter des charges lourdes).
  • Il ne s’enflamme pas à froid, une fuite de gasoil entraîne peu de risque d’incendie.
  • Il dégage moins de CO2 que l’essence.
  • Une consommation plus faible pour les grands rouleurs.

Mais il a aussi un inconvénient de taille : il dégage des particules fines. Ça qui le rend totalement inadapté à un usage urbain.

Le Diesel pour les voitures a surtout profité d’un système de mesure obsolète (1991). S’appuyant sur ce test vieillissant, on a réduit les cylindrées des voitures (ce qu’on appelle le « downsizing »). Dans le même temps, les voitures ont pris du poids. Par exemple :

Pourtant, entre le lobbying des constructeurs et des gouvernements successifs qui voulaient venter le savoir-faire national automobile, on a poussé les usager à se tourner vers ce carburant. Même les petits rouleurs (moins de 15000 Km par an), et les usagers exclusivement urbains, y sont passés. La démonstration est flagrante avec les voitures sans permis. Il suffit d’en chercher qui ont moins de 10 ans pour constater qu’on ne trouve pratiquement que des Diesel. Pourtant, avec leur vitesse réduite, c’est compliqué de faire plusieurs dizaines de milliers de kilomètres par an.

Suite au Diesel Gate, les autorités de différents pays (dont la France) ont décidé de déclarer la guerre au Diesel. Différentes mesures sont arrivées, comme la vignette Crit’Air. C’est sans compter sur le fait que certains utilisateurs ont intérêt à garder leur diesel (en attendant mieux) :

  • Gros rouleurs (30000 Km par an et plus).
  • Poids-lourds intermédiaires (12 à 19 tonnes).
  • Véhicules spécifiques (engins de chantier ou agricole).

Eux qui ont choisi cette technologie de manière appropriée se retrouvent « punis », au même titre que les utilisateurs qui ont choisi le diesel pour les raisons fiscales.

En parallèle, certains constructeurs, notamment les japonais, ont pris une autre direction depuis longtemps : l’hybride. Les modèles européens sont encore peu répandus (ont en trouve surtout depuis environ 3 ans). Dans cette catégorie, les modèles français sont tout simplement inexistant, car la France vise le tout-électrique. Ceci fera l’objet d’un autre article.

Lors du salon de l’auto Paris 2018, le PDG du groupe PSA, Carlos Tavares, annonçait ses réticences sur la propulsion électrique. Il invoquait l’absence d’acteur européen du stockage électrique. Ca tombe bien, l’état semble y réfléchir. En attendant l’année prochaine, aujourd’hui (février 2019), on trouve quelques motorisation hybrides françaises : « Hybrid4 » chez Citroen, HY chez Peugeot, « Hybrid Assist » chez Renault. Des Diesel …

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Crise, chômage et industrie

La « crise des subprimes » a fêté ses 10 ans, l’explosion du chômage avec. Sur ce point, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne.

Dans un bilan dressé par des économistes, on constate que les régions industrielles ont beaucoup souffert, et que les régions tertiaires s’en sont bien remises. En novembre, je suis tombé sur un reportage qui donnait deux chiffres plutôt choquants :

  1. L’Ile-de-France a gagné autant d’emplois que n’en ont perdus la Bourgogne, la Franche-comté, la Lorraine et la régions Centre réunies.
  2. Depuis 10 ans, 82 % des emplois ont été générés dans seulement 15 villes (globalement les fameux « pôles régionaux » voulus pendant la fusion des régions.

Et les autres, ils restent au chômage ?

Historiquement, la France est une terre industrielle. Dans l’esprit de certaines personnes (dont des politiques), l’industrie, c’est dépassé, on doit migrer vers le service, économiquement « plus rentable ».

Admettons, au détail près que tout le monde ne peut pas être banquier : il faut bien construire l’immeuble de la banque, installer l’électricité et l’eau, l’accès Internet, et maintenir le tout. Cela implique des « petites mains » qui sont nécessaires pour que la mécanique économique de notre pays tourne.

Imaginer un pays qui ne produit pas un minimum sa manufacture a trois conséquences lourdes :

Un manque de diversité d’emplois qui entraîne forcément des saturations de marché :

Soit parce que tout le monde doit faire le même métier, soit parce que ce métier peut disparaître, (exemple : taxis vs VTC).

Du chômage :

Ça vous parait évident ? A moi aussi, mais pas à ceux qui n’ont pas soutenu le développement de l’industrie. Certes, l’industrie ne rémunère pas autant chaque individu que le tertiaire. Pourtant, si on y réfléchit, 1000 banquiers et 10000 chômeurs n’apporteraient sans doute pas plus de PIB que 10 banquiers qui financerait des usines faisant travailler 5000 ouvriers. Car des chômeurs à financer c’est :

  • Une augmentation d’impôts pour ceux qui travaillent.
  • Des chômeurs qui consomment moins. Donc moins d’emplois générés.

Je tiens à préciser que je ne rentre pas dans un débat stérile « chômeurs = assistés ». C’est évident que la grande majorité des chômeurs se lève le matin en espérant pouvoir travailler. J’ai moi-même été au chômage avant d’arriver en Ile-de-France. J’ai juste eu la chance que ça dure peu de temps.

Une dépendance envers nos voisins (ou une perte d’autonomie, appelez ça comme vous voulez) :

Si nous ne pouvons pas produire nous-même certaines ressources de bases, cela nous rend dépendants. On ne peut pas tout produire, mais imaginer dépendre uniquement des USA pour notre défense, ou de l’Allemagne pour notre automobile. Savoir établir un savoir-faire industriel et le développer est une nécessité. L’Allemagne profite de son image de production d’une grande rigueur pour exporter et avoir une économie plus florissante que la nôtre.

On considère les Etas-Unis comme une locomotive d’innovation qui attire des personnes porteuses de nouvelles idées (exemple : Docker dont les créateurs sortent d’Epitech). Pourtant, l’histoire montre à quelle point l’autonomie et l’innovation industrielles sont importants dans des moments cruciaux de l’Histoire. L’Allemagne et le Japon ont perdu la seconde guerre mondiale, et ont partiellement perdu leur autonomie. Aujourd’hui, ils sont sur le podium de l’exportation des véhicules automobiles (terrain sur lequel nous avons largement innové à une autre époque), de robots d’assemblages, ou de matériel audio (Sennheiser, Bose).

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Les Gilets Jaunes ont plombé l’économie française. Sinon à Paris, ça va.

En novembre, on a vu apparaître le mouvement des « Gilets Jaunes ». Un raz-le-bol généralisé, des personnes désintéressées de la politique qui ont eu besoin de faire entendre leur voix. Sur le fond, je partage largement cette position. Comme je l’ai écrit dans l’article précédent, je n’ai jamais fait entendre ma voix et je veux le faire aujourd’hui. Par contre, sur la forme, j’ai un problème avec la forme : l’économie a souffert, mais pas au bon endroit.

Les journaux ont fait tourner en boucle des images de manifestations qui ont complètement dérapé à Paris. La question de cet article n’est pas de savoir si ce sont les Gilets Jaunes ou des « casseurs indépendants » qui sont à l’origine des dégâts. Par contre, même si les manifestations entraînaient des fermetures de commerces ou des baisses d’activité le samedi, tout « revenait à la normale » le dimanche, et pareil les autres jours de la semaine.

Je n’ai jamais vu la zone commerciale de Vélizy2 bloquée. Pourtant, on y trouve le magasin de grande distribution générant le plus gros chiffre d’affaire de France. Globalement, il n’y a pas de gros blocage en Ile-de-France. Alors que, dans différentes régions françaises (la Haute-Normandie par exemple), les blocages ont été beaucoup plus virulents (au point que Norauto me déconseille de fixer un rendez-vous, par crainte de ne pas pouvoir l’honorer).

Conséquence directe : dans un repartage diffusé dans le 20H de France 2, une présentation de l’impact économique montrait que :

  • En province, la baisse d’activité économique était d’environ 50 % (grande distribution et services).
  • En Ile-de-France, cette baisse d’activité était de 11 %.

Ce point a son importance, car l’Ile-de-France représentait 31 % du PIB français en 2015 (contre 29% en 2008).

En conclusion, en novembre, l’Ile-de-France seule a généré un PBI presque équivalent au reste de la France. Alors que nous ne sommes pas en grande forme économique, l’Ile-de-France a donc pu être largement autonome et n’a (presque) rien senti passer.

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Pourquoi ce blog ?

J’ai appris à ne pas parler de politique en public, mais je n’ai jamais caché certaines de mes opinions. Pour moi, la France est un pays de plus en plus centralisé, politiquement mais aussi d’un point de vue économique. Et je constate une disparition d’un de nos fondements : l’égalité

Au fil des années, j’ai l’impression que l’avenir des employés du tertiaire (secteur bancaire, ingénierie informatique) ne peut exister hors de certaines zones géographiques. En parallèle, l’industrie, présente dans les zones moins denses, semble oubliée. Et certaines régions souffrent d’une désertification des entreprises sans raison apparente.

L’actualité (les « gilets jaunes » et l’approche des élections européennes) me pousse à m’exprimer sur le sujet. Pour tous les citoyens, c’est le moment de proposer une nouvelle donne.

Alors pourquoi maintenant ?

Je n’ai pas l’âme d’un politicien. Jusqu’à récemment, je laissais ça aux « professionnels du secteur ». Mon changement d’attitude est venu lorsque je suis tombé sur un article parlant d’une volonté de fusionner les régions Normandie et Ile-de-France. La réalité est différente : il s’agit de fusionner les ports sur l’axe Seine, le projet HAROPA. Mais cela risque de laisser beaucoup de latitude à la région Ile-de-France sur les infrastructures normandes.

Finalement, je n’ai passé le cap de bloguer qu’avec l’apparition du mouvement des « gilets jaunes », né d’un raz-le-bol des classes moyennes et populaires, qui se sentent submergées de taxes et impôts sans voir leur quotidien s’améliorer. Je ne suis pas surpris de voir ce mouvement apparaître. Je suis même surpris qu’il ne soit pas apparu plus tôt. Ce mouvement est présent un peu partout en France, mais en banlieue proche de Paris, je constate que cette contestation est incomprise et surtout totalement dénigrée.

Il est temps que la France, dans son intégralité (métropole, Corse, Antilles, océans Indien et Pacifique) puissent disposer des mêmes droits, des mêmes infrastructures, des mêmes tremplins économiques. Car de mon point de vue, notre économie, souvent vue comme tournant au ralenti, dépend aussi d’un équilibre géographique. Les économistes et les politiques visent sur les « grandes métropoles » créées pendant la fusion des régions. Mais ils ne pensent pas que tout le monde ne peut pas habiter dans ces grandes aires urbaines, en désertant le reste.

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Introduction

Qui suis-je ?

Je suis né et j’ai grandi en Normandie, dans la vallée de la Seine. Je viens d’un milieu ouvrier.J’ai déménagé dans les Hauts-de-Seine après mes études, pour des raisons professionnelles.

J’ai toujours travaillé pour des pointures de l’industrie française (Gemalto, Renault, EDF Recherche et Développement, ainsi qu’un spécialiste de l’optimisation réseau). Je suis père de famille, en couple avec une femme née dans les Caraïbes (ce point fera l’objet d’un post ultérieurement).

Dès mon arrivée ici, j’ai pu constater des différences culturelles comme toute personne qui change de région. Mais en dix ans, j’ai pu constater que ces différences allaient beaucoup plus loin.

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