La règle d’endettement des pays européens empêche de développer l’égalité des territoires

Un peu d’histoire

La règle des 3% d’endettement a été proposée par la France, à une époque où l’économie n’était pas florissante. Le traité de Maastricht a généralisé ce statut au niveau européen. A l’heure où nos dirigeants veulent gérer le pays comme on gère une entreprise privée, ils ont oublié le principal. Dans le privé, on sépare la comptabilité en deux :

  • L’opérationnel : les dépenses de fonctionnement (salaires, petites fournitures, etc).
  • Le capital : l’investissement.

C’es tout le problème. En ne faisant pas cette séparation comptable, une entité publique n’a donc plus le droit d’investir dans ses infrastructures, le régalien (défense, sécurité, santé, éducation), etc.

Les différents pays européens doivent continuer d’investir pour se développer. D’ailleurs, ils ont même créé une enveloppe pour ça. Mais la France a notamment décidé de ne pas l’utiliser. Plus précisément, difficile de dire, entre l’état et les régions, qui doit distribuer cette enveloppe de 700 millions d’euros. Cette exemple est inquiétant. Nous dépendons d’aides extérieures, quand nous pourrions investir de manière autonome.

Plutôt que de limiter notre dette à 3% de manière arbitraire, nous devrions accepter une dette un peu plus élevée si elle permet d’investir. D’autant que ça permettrait la création d’emploi de manière durable. Il faut bien entretenir ce qu’on a créé (production énergétique, chemin de fer, réseau routier, etc).

La dédensification : quel intérêt pour l’outremer ?

Dernier volet qui concerne les citoyens d’outremer, qu’il ne faut pas oublier.

Si j’ai décidé de parler séparément de l’outremer, c’est qu’on oublie souvent cette partie du territoire. De plus, chacun possède ses spécificités (climatique, géographique, politique ou culturelle).

Il faut savoir qu’un ensemble de lois existent sur le sujet, c’est ce qu’on appelle la continuité territoriale. Mais, à part en Corse (pas trop loin de la métropole), les subventions attribuées ont globalement disparu depuis 2007.

Indépendamment de notre histoire, nous profitons toujours de ces territoires. Grâce à la disposition de ces différents « cailloux » (surnom de la nouvelle Calédonie), nous exploitons notamment les zones économiques exclusives.

Une dédensification apporterait à l’outremer les mêmes avantages qu’au reste de la France. Mais on pourrait y ajouter d’autres opportunités :

  • Moins de séparations familiales provoquées par la recherche d’une économie « plus florissante » en métropole. Cet argument peut sembler exagéré, mais il faut demander leur avis aux « victimes » du BUMIDOM.
  • De meilleures relations avec les acteurs économiques et politiques de métropole, trop éloignés pour connaitre les impacts de certains de leur choix.
  • Moins de déplacements égal moins de CO2. Oui, ça participe aussi à la réduction de notre empreinte carbone.
  • La possibilité de créer de nouvelles relations économiques avec les pays voisins des territoires ultramarins.

Il est temps que chaque territoire profite de ses propres atouts. Répartissons nos resources et nos capacités afin d’offrir une économie autosuffisante partout en France.

La dédensification : quel intérêt pour Paris ?

Après mon premier article sur l’intérêt de dédensifier, cet articles concerne les avantages pour Paris et les grandes agglomérations urbaines. Oui je cible souvent l’ancien département de la Seine, mais ses habitants subissent aussi ce quotidien. Alors quel intérêt Paris y trouverait ?

Cet article concerne toutes les grandes aires urbaines : Marseille, Lyon, Lille, etc.

La dédensification : quel intérêt pour la France ?

Ceci est le premier volet d’une petite trilogie consacrée à l’égalité des territoires. Pour rappel, il ne s’agit pas de répartir les richesses, mais d’offrir les mêmes chances de développement sur tout le territoire.

Travaillant dans l’architecture informatique, je mène souvent des réflexions sur cette question : comment éviter ou supporter une panne ? C’est ce qu’on appelle un SPOF (point de défaillance unique en français). Eviter un SPOF passe souvent par :

  • La redondance : la bascule vers un autre équipement si le principal tombe.
  • La répartition de charge : faire en sorte de répartir les demandes sur plusieurs équipements.

Pour la France, l’intérêt de dédensifier est de « répartir la charge » .

A l’heure où les emplois français sont de plus en plus orientés vers le service et le numérique, il n’y a aucune raison d’attacher certains secteurs d’activité à une région précise.

Parmi les intérêts à dédensifier, on trouve :

  • Une réduction du chômage. C’est compliqué de laisser sa vie derrière soi pour un hypothétique emploi ailleurs. La perspective de pouvoir effectuer son travail dans un rayon proche de chez soi pourrait lancer une nouvelle dynamique d’emploi. L’exemple allemand n’a pas que des qualités. Mais on constate que le taux de chômage est presque équitablement réparti sur le pays.
  • Une baisse de la fiscalité. Comme je l’expliquais dans un de mes premiers articles, financer le chômage coûte de l’argent à l’état, donc au contribuable. Un taux de chômage en baisse permettrait de relancer la consommation, permettant de remplir les caisses de l’état. A terme, nous pouvons donc réduire la dette du pays, ou alléger la fiscalité des citoyens et des entreprises.
  • Une limitation de la désertification des campagnes. Car la répartition de la populations sur des pôles urbains plus petits mais attractifs permettrait de repeupler les zones périurbaines et rurales environnantes.
  • Une meilleure résistance aux aléas climatiques et politiques. Dans un autre de mes premiers articles, je citais le poids de l’Ile-de-France dans l’économie française. Ainsi, un événement climatique, comme une crue centennale, ou politique, comme un attentat, aura de lourdes conséquences économiques sur le pays. D’ailleurs, en 2016, le projet Sequana avait pour but de calculer cet impact. Et encore, il ne prenait en compte que l’impact sur l’Ile-de-France, mais pas les conséquences indirecte sur le reste du territoire.

Comme quoi cette centralisation économique ne repose que sur des fondations fragiles, et peut basculer rapidement. Il est temps de supprimer le SPOF que représente l’économie francilienne.

La transition énergétique : une fracture économique et industrielle

La transition energétique doit passer par une adoption progressive, mais massive. Aujourd’hui, on fait l’inverse, en montrant une vision élitiste et « hype » de l’écologie.

L’exemple automobile

Comme je l’écrivais dans un article précédent, une partie des automobilistes s’est tourné vers le diesel pour les avantages fiscaux pratiquéss à l’époque plus que pour leurs vrais besoins. Maintenant que la doctrine a changé. Ces utilisateurs « endettés » par leur véhicule actuel ne peuvent même pas espérer le revendre, notamment s’il ne rentre pas dans la bonne catégorie « Crit’Air ». Alors que faire ?

C’est la qu’on assiste à une fracture : plutôt que de permettre aux différentes classes sociales de s’adapter progressivement pour contribuer à la transition, on a « élitisé » ce processus. Pour faire simple, on a les moyens de participer, ou on reste un « pauvre pollueur ».La dernière prime à la casse fait exception, en permettant de profiter d’aides même si le véhicule n’est pas neuf. En effet, remplacer un véhicule de 8 ans par un neuf réduira modérement l’empreinte carbone. Mais remplacer un véhicule vieux de 20 ans par un véhicule vieux de 10 ans la réduira plus, et coûtera moins cher à son propriétaire.

On pourrait autoriser des solutions comme l’adaptation hybride, permettant au plus grand nombre de contribuer à la TRANSITION. Puis la deuxième étape pourrait un arrêt du moteur thermique. Accessoirement, aujourd’hui, on ne mesure pas l’impact de cette bascule électrique.

Autre exemple : l’isolation des batiments et la maison passive

Autre source d’empreinte carbone, le chauffage des logements. Ici le problème est différent. J’approuve l’idée de la loi Duflot qui consistait à punir les propriétaires peu scrupuleux qui louaient des logements mal isolés (et donc le coût de chauffage peux exploser). Mais taxer les propriétaires habitants est une autre affaire. Il faut prendre en compte plusieurs facteurs :

  • La situation financière des propriétaires habitants. Tous les propriétaires ne sont pas riches
  • La disponibilité d’équipements de chauffage polluant et vendus en toute légitimité. Je pense aux radiateurs « grille-pains » et aux chaudières au fioul (donc « Diesel »)…
  • Parfois c’est compliqué d’isoler un batiment, quand les Architectes des Batiments de France s’en mèlent sur des zones classées, par exemple.

Des aides existent pour aider à l’isolation ou au remplacement des solutions de chauffage, mais elles disparaissent on sout réduites d’années en année. Pourtant, cet investissement à grande échelle est intéressant. A l’échelle du citoyen, il permet de réduire sa facture d’énergie. Il peut investir ce gain financier ailleurs. A l’échelle du pays, il permet de générer des emplois et de fortement réduire l’empreinte carbone, en limitant l’énergie perdue.

L’agriculture biologique, le sans gluten, « bien manger » n’est pas pour toutes les bourses

Au début de ce millénaire, des personnes, comme José Bové, ont lutté contre la « malbouffe », alors représentée par les « fast-food ». Il s’agissait alors de lutter contre l’expansion de la culture de plants OGM, et de l’agriculture industrialisée en général. Aujourd’hui, la consommation de produits bio augmente. Mais elle progresse plus vite dans les régions riches. Manger bio coûte cher. Pourtant, est-ce que ça coûte vraiment plus cher à produire ? Oui et non. En terme de coût pur, ce n’est pas plus cher. Par contre, une culture industrielle est plus « simple » à gérer.

En Haïti, l’un des pays les plus pauvres du monde, 95% de la population consomme des produits bio. Comment est-ce possible ? C’est tout simplement parce que la population n’a pas les moyens d’acheter des produits phytosanitaires.

Si on parle d’agriculture non comestibles, des pays, comme le Sri Lanka ou le Burkina Faso, ont fait le choix d’arrêter les cultures de coton OGM. Ces cultures étaient censées être plus résistantes contre les maladies (donc « simplifier la production). Sauf qu’on ne pouvait pas réutiliser les graines stériles, et que les sousches ont fini par dégénérer, donc produire moins.

C’est aussi une question d’assurance (là encore, la « simplicité). En effet, dans le droit français, nous sommes responsables des conséquences de nos actes (ou de ceux que nous n’avons pas fait). C’est la notion de « dommage par négligence ou par action ». Et dans le domaine de la vigne, il arrive qu’une culture biologique malade soit considérée comme la source de maladie du voisin qui a traité. Les affaires finissent alors au tribunal.

Conclusion

Dans la notion de « transition », on imagine une « pente douce », pas une falaise infranchissable. De mon point de vue, certains politiques, parfois à l’origine de nos erreurs de consommateurs, aiment nous montrer du doigt. « L’élite fait bouger les lignes, les autre devraient suivre ». Je préfère illustrer ce qu’est une transition par cette citation :

Un jour, un incendie se déclare dans la forêt. Tous les animaux fuient le danger et se mettent à l’abri. Certains vont se terrer, d’autres se perchent sur les toits et les arbres au-delà de la rivière et assistent sans réagir à la destruction de leur habitat et de leurs nids. Spectateurs passifs, ils jacassent et se lamentent.

Un colibri entreprend d’aller à la rivière, prend une goutte d’eau dans son bec et va la jeter sur le brasier. Puis il recommence ses allers et venues sans se lasser.

Au bout d’un moment, les « spectateurs » remarquent son manège et l’interpellent :
« Pauvre inconscient, toi si petit, crois-tu pouvoir éteindre l’incendie avec tes gouttes d’eau ? Tu vas seulement réussir à te brûler les ailes. Tu ferais mieux de te mettre à l’abri avec nous, le feu finira bien par s’éteindre. »
 
Et le colibri répond : « Moi, je fais ma part pour sauver mon nid, et vous, que faites-vous ? Si vous tous unissiez vos forces, l’incendie pourrait être maîtrisé. »

Pierre Rabhi