La règle d’endettement des pays européens empêche de développer l’égalité des territoires

Un peu d’histoire

La règle des 3% d’endettement a été proposée par la France, à une époque où l’économie n’était pas florissante. Le traité de Maastricht a généralisé ce statut au niveau européen. A l’heure où nos dirigeants veulent gérer le pays comme on gère une entreprise privée, ils ont oublié le principal. Dans le privé, on sépare la comptabilité en deux :

  • L’opérationnel : les dépenses de fonctionnement (salaires, petites fournitures, etc).
  • Le capital : l’investissement.

C’es tout le problème. En ne faisant pas cette séparation comptable, une entité publique n’a donc plus le droit d’investir dans ses infrastructures, le régalien (défense, sécurité, santé, éducation), etc.

Les différents pays européens doivent continuer d’investir pour se développer. D’ailleurs, ils ont même créé une enveloppe pour ça. Mais la France a notamment décidé de ne pas l’utiliser. Plus précisément, difficile de dire, entre l’état et les régions, qui doit distribuer cette enveloppe de 700 millions d’euros. Cette exemple est inquiétant. Nous dépendons d’aides extérieures, quand nous pourrions investir de manière autonome.

Plutôt que de limiter notre dette à 3% de manière arbitraire, nous devrions accepter une dette un peu plus élevée si elle permet d’investir. D’autant que ça permettrait la création d’emploi de manière durable. Il faut bien entretenir ce qu’on a créé (production énergétique, chemin de fer, réseau routier, etc).

Le tout électrique, le futur diesel ?

Comme je l’ai indiqué à la fin de mon article sur le rétrofit, nous pourrions bientôt avoir le droit de modifier la source d’énergie de nos véhicules. En soi, c’est une bonne nouvelle, car ça ouvre la porte à ce marché, trop longtemps verrouillé chez nous. Cependant, tout miser sur l’électrique, est-ce raisonnable ?

Dans mon article sur le diesel, j’expliquai rapidement que les politiques qui nous ont poussés à « rouler diesel » étaient plus économiques que techniques. En l’état, l’électrique risque d’aboutir au mème résultat.

Les avantages de la propulsion électrique

Il faut savoir que les avantages de la propulsion électrique sont connus depuis longtemps. La première voiture à avoir atteint la barre des 100 Km/h est une voiture électrique, en 1899. On retrouve aussi d’autres avantages techniques :

  • Du couple à tous les régimes. Un des avantages du diesel (surtout pour la traction) était justement un couple à bas régime.
  • Un meilleur contrôle de motricité. On maitrise suffisamment l’électronique de puissance pour offrir la puissance nécessaire quand on la demande.
  • Le freinage régénératif : quand on lâche l’accélérateur, on recharge les batteries. On gagne donc quelques kilomètres d’autonomie.
  • Le silence.

J’ai eu l’occasion de tester plusieurs voitures électriques (une Tesla X 90D, une Tesla S P95D, et le prototype de Ian-Motion. C’est vrai que, sur des véhicules dont on attend des performances, il manque la mélodie d’un V8 rageur, ou le sifflement d’un turbo qui monte en pression. Mais sur le fonctionnement et les performances, rien à redire.

Les inconvénients

Alors si la propulsion électrique, c’est si classe, où est le problème ? En fait, le problème n’est pas dans la propulsion, mais dans le stockage de l’énergie : les batteries.

Reprenons l’exemple de la Tesla S P95D. Le pack de batterie pèse 550 Kg, soit un quart du poids de la voiture (ou presque la moitié du poids d’une Clio 3). Avec cette batterie, vous pouvez parcourir environ 435 Km sur nationale, ou 330 Km sur autoroute. Et encore, on n’évoque pas le temps de recharge (Tesla ne prends en référence que ses propres chargeurs). Le moteur thermique a donc quelques années devant lui avant que de nouvelle batteries corrigent ce problème.

L’autre point dont on parle peu, c’est le recyclage. Alors qu’on se préoccupe, à juste titre, de la pollution générée par le thermique, on pousse l’exploitation d’une technologie dont on ne connait pas l’impact environnemental à moyen terme.

Des idées ?

L’électrique pourrait vraiment dominer si on avait standardisé un peu plus que la prise de recharge (et encore, il y a plusieurs formats). Pour avancer, on aurait pu :

  • Forcer la main aux constructeurs pour un système de remplacement rapide des batteries. Ca permettrait de palier différents problèmes cités plus haut :
    • Une « recharge » en quelques minutes (vu qu’on remplace les batteries vides par des pleines).
    • Une meilleure ventilation des batteries en circulation. Les usagers qui roulents plus changeraient de batterie plus régulièrement.
    • La possibilité d’exploiter encore plus la production électrique locale (solaire, éolien, etc) dans les stations de recharge. C’est est probable que les points de recharge actuels s’équipent pour produire leur propre énergie. Mais une batterie modulaire standardisée pourrait être rechargée dans de meilleures conditions qu’en aval du régulateur de charge embarqué dans le véhicule.
    • Quand un module de batterie devient défaillant, on connaîtrait les points de collectes (les stations elle-mêmes).
  • Produire au plus près les batteries. Actuellement, nous dépendons trop de l’Asie. Au lieu de voir les prix baisser par l’augmentation d’échelle de production, ils pourraient augmenter à cause de la spéculation.
  • Offrir des technologies alternatives en attendant, comme le GNV. Il ne s’agit pas de solutions parfaites, mais elles sont peut-être une méthode de transition énergétique à étudier. Au passage, l’Italie exploite cette technologie, pour ne citer qu’elle.

A long terme, c’est certain que le processus de fabrication de batterie sera améliorée. Pour l’instant, ce n’est pas près. Ne fonçons pas tête baissée sans mesurer les conséquences de ce choix.

La dédensification : quel intérêt pour l’outremer ?

Dernier volet qui concerne les citoyens d’outremer, qu’il ne faut pas oublier.

Si j’ai décidé de parler séparément de l’outremer, c’est qu’on oublie souvent cette partie du territoire. De plus, chacun possède ses spécificités (climatique, géographique, politique ou culturelle).

Il faut savoir qu’un ensemble de lois existent sur le sujet, c’est ce qu’on appelle la continuité territoriale. Mais, à part en Corse (pas trop loin de la métropole), les subventions attribuées ont globalement disparu depuis 2007.

Indépendamment de notre histoire, nous profitons toujours de ces territoires. Grâce à la disposition de ces différents « cailloux » (surnom de la nouvelle Calédonie), nous exploitons notamment les zones économiques exclusives.

Une dédensification apporterait à l’outremer les mêmes avantages qu’au reste de la France. Mais on pourrait y ajouter d’autres opportunités :

  • Moins de séparations familiales provoquées par la recherche d’une économie « plus florissante » en métropole. Cet argument peut sembler exagéré, mais il faut demander leur avis aux « victimes » du BUMIDOM.
  • De meilleures relations avec les acteurs économiques et politiques de métropole, trop éloignés pour connaitre les impacts de certains de leur choix.
  • Moins de déplacements égal moins de CO2. Oui, ça participe aussi à la réduction de notre empreinte carbone.
  • La possibilité de créer de nouvelles relations économiques avec les pays voisins des territoires ultramarins.

Il est temps que chaque territoire profite de ses propres atouts. Répartissons nos resources et nos capacités afin d’offrir une économie autosuffisante partout en France.

La dédensification : quel intérêt pour Paris ?

Après mon premier article sur l’intérêt de dédensifier, cet articles concerne les avantages pour Paris et les grandes agglomérations urbaines. Oui je cible souvent l’ancien département de la Seine, mais ses habitants subissent aussi ce quotidien. Alors quel intérêt Paris y trouverait ?

Cet article concerne toutes les grandes aires urbaines : Marseille, Lyon, Lille, etc.

La dédensification : quel intérêt pour la France ?

Ceci est le premier volet d’une petite trilogie consacrée à l’égalité des territoires. Pour rappel, il ne s’agit pas de répartir les richesses, mais d’offrir les mêmes chances de développement sur tout le territoire.

Travaillant dans l’architecture informatique, je mène souvent des réflexions sur cette question : comment éviter ou supporter une panne ? C’est ce qu’on appelle un SPOF (point de défaillance unique en français). Eviter un SPOF passe souvent par :

  • La redondance : la bascule vers un autre équipement si le principal tombe.
  • La répartition de charge : faire en sorte de répartir les demandes sur plusieurs équipements.

Pour la France, l’intérêt de dédensifier est de « répartir la charge » .

A l’heure où les emplois français sont de plus en plus orientés vers le service et le numérique, il n’y a aucune raison d’attacher certains secteurs d’activité à une région précise.

Parmi les intérêts à dédensifier, on trouve :

  • Une réduction du chômage. C’est compliqué de laisser sa vie derrière soi pour un hypothétique emploi ailleurs. La perspective de pouvoir effectuer son travail dans un rayon proche de chez soi pourrait lancer une nouvelle dynamique d’emploi. L’exemple allemand n’a pas que des qualités. Mais on constate que le taux de chômage est presque équitablement réparti sur le pays.
  • Une baisse de la fiscalité. Comme je l’expliquais dans un de mes premiers articles, financer le chômage coûte de l’argent à l’état, donc au contribuable. Un taux de chômage en baisse permettrait de relancer la consommation, permettant de remplir les caisses de l’état. A terme, nous pouvons donc réduire la dette du pays, ou alléger la fiscalité des citoyens et des entreprises.
  • Une limitation de la désertification des campagnes. Car la répartition de la populations sur des pôles urbains plus petits mais attractifs permettrait de repeupler les zones périurbaines et rurales environnantes.
  • Une meilleure résistance aux aléas climatiques et politiques. Dans un autre de mes premiers articles, je citais le poids de l’Ile-de-France dans l’économie française. Ainsi, un événement climatique, comme une crue centennale, ou politique, comme un attentat, aura de lourdes conséquences économiques sur le pays. D’ailleurs, en 2016, le projet Sequana avait pour but de calculer cet impact. Et encore, il ne prenait en compte que l’impact sur l’Ile-de-France, mais pas les conséquences indirecte sur le reste du territoire.

Comme quoi cette centralisation économique ne repose que sur des fondations fragiles, et peut basculer rapidement. Il est temps de supprimer le SPOF que représente l’économie francilienne.